Vol en paire – 11 mai 2024 (Jérôme Hemeret et Vincent Laquerbe)

https://www.weglide.org/flight/396607

https://www.weglide.org/flight/396576

Dernier jour des RVVGEA 2024, organisés à Graulhet. Après avoir fait voler quelques jeunes élèves ingénieurs en mutuelle lors des premiers jours, Jérôme et moi nous retrouvons sur monoplace.

Nous demandons au chef pilote s’il est possible de prendre les deux LS pour faire un vol en paire, chose que nous avons souhaité faire depuis l’été dernier sans trouver le bon moment. Patrice nous l’accorde et nous partons en piste avec l’envie d’honorer cela.

La météo est compliquée, mais typique ATVV : de beaux varios et des plafonds très corrects sont annoncés au nord (km 60) et la plaine du Tarn sera molle et vaseuse toute l’après-midi. La difficulté du jour est donc de réussir à sortir suffisamment rapidement du Tarn pour profiter de ce qui se passera au nord. Le point positif, c’est que le vent vient du 140 pour 15 à 20 km/h.

Jérôme est le premier mono à s’élancer sur 7X en direction de la « carrière ». Je le suis quelques minutes après sur WK. Le remorqueur trouve un très bon vario qu’il enroule : ce filou avait bien vu qu’il ne s’agissait pas d’un élève derrière et en profite pour nous mettre à 45° d’inclinaison. Tout semble correct, j’attends un peu avant de larguer pour me donner de la sécurité, et une fois largué plus rien, c’est comme si on m’avait remorqué au-dessus de la couche convective. La recherche de vario s’engage et devient difficile. Jérôme aussi peine à monter et je me retrouve même sous les 500m NH. Il y a du vent, je décide de ne pas jouer et annonce ma vent arrière. Pendant ce temps, le vario de Jérôme s’établit et il monte à 1250m NH, synonyme de départ vers le nord. J’essaie de me réaligner rapidement pour ne pas trainer. Les autres monos me laissent passer et je redécolle au moment au Jérôme arrive sur Gaillac. Déçu par mon « plouf » (comme dirait Kiara), je ne rallume même pas XCSoar au sol. Malgré tout, la pompe est bonne et je parviens à 1200m NH. Le vent poussant dans le dos je me laisse glisser sur Gaillac pour rattraper Jérôme qui m’attendait sagement en jardinant au nord du terrain et en révisant le nom des villages au sud de la Grésigne (Cordes s/ Ciel étant plutôt à l’est…).

Les varios sont toujours difficiles et nous peinons à monter. L’objectif est toujours d’aller au nord (i.e. Villefranche de Rouergue) ; Jérôme choisit de se jeter sur la Grésigne pour profiter du vent de sud qui souffle dessus, espérant que cela déclenche quelques thermiques. Etant légèrement plus bas, je préfère plutôt rester côté vallée. Son choix est bon, il atteint presque 1500m NH ce qui lui donne une bonne sécurité pour avancer alors que je glisse entre 1100m et 1200m NH

 

 

                                          Jérôme (en rouge) s’appuyant sur la Grésigne, alors que je garde une trace dans la vallée.

Nous nous retrouvons vers Laguépie, point stratégique d’un départ au nord. L’Aveyron en contre-bas délimite souvent une différence de conditions météo entre le sud et le nord. Je me dis que si ça doit commencer à partir, c’est par là : 

« Il faut se jeter sur la carrière à l’ouest de Laguépie. Les cailloux sont blancs, c’est orienté au sud (plein soleil) et dans le sens du vent. Si ça marche pas là, je peux arrêter le vol à voile ! » ai-je lancé à Jérôme quelques minutes plus tôt.

Légère sueur lorsque je ne ressens rien au premier passage après avoir surestimé la dérive du thermique, nous trouvons finalement notre premier vrai vario : un bon 2 m/s sur la deuxième partie, nous conduisant à 2100m NH.

Le vol en paire et le plaisir des météos du nord commencent alors.

Les premières barbules apparaissent, et on aperçoit même les premiers cumulus à l’ouest de Villefranche de Rouergue. Fini de s’embêter dans les petits varios, on avance en cheminant sous ces barbules, surtout qu’au loin on devine de magnifiques cumulus, bien épais et avec de belles bases noires.

On passe travers ouest de Figeac-ville vers 2500m NH. Deux directions principales semblent s’offrir à nous via un début d’alignement : Sarlat-Périgueux ou plein nord (est de Brive). Parti initialement sur la première option, Jérôme préfère la deuxième car les cumulus semblent plus massifs. Passé Figeac-aéro, nous bifurquons donc à droite pour retrouver Latouille, près de Saint-Céré. Dans ce secteur (ouest Aurillac), la vache n’est pas conseillée vu le sol mais peu importe, les plafonds continuent de monter légèrement et les cumulus sont parfaits. Il est alors presque 17h, on est km 120 et les LS font ce qu’ils savent faire : glisser à 160 km/h.

Sous les cumulus à 180 km/h depuis le LS8 avec le LS6 au-dessus

 

A Graulhet, le peu de thermique qu’il y a eu dans la journée a déjà disparu depuis longtemps et les quelques vols restants ne dépassent pas la demi-heure. La stratégie de retour est claire, on est large :

« Qu’on arrive dans le Tarn et sa masse d’air huileuse dans 10 min ou dans 2h, ce sera la même merde, donc autant rester ici à faire de l’avion sous les alignements »

Et en effet, cerise sur le gâteau, un alignement se matérialise devant nous, fini les spirales on fonce. Avec nos belles machines, le spectacle est garanti pour celui qui est derrière et qui a l’impression de voir le planeur devant lui monter en chandelle lors des ressources.

Jérôme temporise mes ardeurs et nous nous mettons d’accord pour faire demi-tour à la fin de la matérialisation de l’alignement. Nous prenons ainsi le cap de Graulhet un petit quart-heure plus tard, au km 150. La Dordogne n’a pas été franchi et nous sommes quasi travers est de Brive-ville. Le début du retour est facile, on suit le même chemin sous les cumulus et on en profite pour sortir les appareils photos.

 

 

 

 

 

 

LS8 vu depuis le LS6                                                                                                  LS6 vu depuis le LS8

 

Nous cheminons bien sur le retour malgré le vent de face. Avec l’altitude, celui-ci s’affaiblit autour des 10 km/h mais nous nous attendons à ce qu’il se renforce un peu au fur et à mesure de la descente, ce qui rend compliqué les calculs d’arrivée. Tout roule jusqu’à Villefranche où les dernières barbules exploitables commencent à disparaitre. La veille, nous étions plusieurs à faire une arrivée similaire depuis le nord avec un petit vent de sud-est et une masse d’air morte sur le Tarn. Maxime Luyat, en choisissant de s’appuyer sur Albi par sécurité, avait tiré une meilleure finesse sur les deux branches correspondantes (certes plus longues que ma trace directe depuis le nord mais sans risque de finir dans un champ). Cela me permet néanmoins d’avoir un point de comparaison intéressant : j’ai perdu la veille 1000m entre Cordes s/ Ciel et Graulhet.

Nous hésitons sur la stratégie à suivre, et Jérôme choisit finalement la directe Graulhet. Nous prenons un dernier vario au nord-ouest de Villefranche et entamons notre arrivée km 80 autour de 2400m NH : soit une finesse de 40 pour une arrivée à 200m sol. A ce moment-là, le champ est plutôt probable vu qu’il n’y a absolument plus aucun mouvement convectif au sud mais nous partons confiants avec nos LS.

Vers Laguépie, nous sentons que la finesse se dégrade au passage de l’Aveyron.

« Combien tu as sur XCSoar ? » me demande Jérôme.

« Alors, il me dit finesse d’arrivée environ 33. Et finesse actuelle… et bien 33 aussi ! »

Ça va être chaud, tout va dépendre du vent dans le Tarn ! Le pilotage doit être le plus calme possible et la tenue d’assiette propre pour rester au plus proche de la vitesse de finesse max. On passe à l’ouest de Cordes vers 1400m NH. Pour ceux qui n’ont pas l’habitude, ça fait un joli plan où la ville de Graulhet apparait au loin mais certainement pas la piste. Pour autant, le parallèle avec la veille est fait et si on perd à nouveau 1000m alors ça passe. Le vent s’est sans doute renforcé un peu mais rien de catastrophique (comme nous ne faisons que transiter, l’estimation est moins fiable). Nous en profitons donc pour élaborer la fin du vol avec sécurité car le passage semble inévitable. Les choses se précisent au franchissement du Tarn à 1000m NH. La masse d’air était tellement calme que nous avons même senti l’influence de la rivière sur quelques secondes. Dès lors, le local de Graulhet semble assuré, et même renforcé par l’aura locale de Jack No Fear et son légendaire « SW, 800 NH, sud d’Albi … je rentre ».


                                                                                              Passage du Tarn avec ALBI en fond.

Nous passons sur la fréquence de Graulhet pour l’arrivée. Deux avions sont dans le circuit et parlent anglais une fois sur deux avec un accent espagnol à couper au couteau. Bref, on espère qu’ils ne vont pas compromettre le passage. En bon élève, l’autorisation de passage est demandée puis accordée par JD, alors au seuil 09, « dans le respect de la hauteur minimale ». Jérôme ayant quelques mètres de moins que moi, nous abandonnons l’idée de la patrouille et prenons la vitesse l’un derrière l’autre. Etant plus bas, nous avions convenu auparavant qu’il se poserait en premier suite à une PTU sur la dure pendant que j’irais chercher une longue finale herbe lui laissant le temps nécessaire. Tout se déroule comme prévu, les deux planeurs se posent un peu avant 19h. Pas de vache, on est à l’heure pour l’apéro et la soirée de fin des RVV : parfait !

Au final, le circuit reste relativement modeste et fait environ 315 km, ce qui n’a rien d’exceptionnel depuis Graulhet. Cependant, la satisfaction d’avoir réussi à sortir de la boue tarnaise, profité du nord et de ses conditions splendides et glissé une belle arrivée sur 80km (finesse moyenne face au vent de 41 hors prise de vitesse finale pour le passage) ravissent tout autant qu’un kilométrage doublé par météo très favorable.

Vincent

 

En bonus : préparation de pizzas maison avec JD pendant la soirée RVVGEA

Lors du coup de faim aux alentours de 2h du mat’